Mon Atari et moi...
- 1986 En pleine explosion de l'électronique grand public, comme tous les pré-ados de mon époque j'ai rêvé d'avoir un "micro-ordinateur". J'ai lu et relu le magazine Tilt, et j'ai choisi un Atari 130 XE parce qu'il était beau (!) et parce qu'il disposait de 128 Ko de RAM pour un prix assez bas. Par contre, ses capacités graphiques étaient assez limitées, avec une résolution de 320 x 192 pixels, qui donnait à l'image un aspect un peu "aplati" par rapport au Commodore C64. J'ai toujours été un peu jaloux des possesseurs du C64, qui avait plus de pixels verticaux ! Mais je me consolais en constatant que ces camarades de classe ne faisaient que jouer avec leur C64 comme une vulgaire console alors que moi, avec mon Atari j'entrais dans le monde fantastique de la programmation !
- Cela semblerait hallucinant pour un adolescent d'aujourd'hui, mais mes premiers jeux, je les ai saisis à partir des exemples en langage Basic du manuel, d'un bouquin de chez Eyrolles (illustration), et d'un ou deux listings du magazine Hebdogiciel. C'était normal pour l'époque. Puis un copain a eu un Atari 800 XL et m'a copié des jeux sur cassette, qui prenaient parfois jusqu'à 15 minutes pour se charger. Enfin, quand mes parents m'ont permis d'ajouter un lecteur de disquettes (souples, format 5 pouces un quart c'est-à-dire environ 10 cm de côté), j'ai trouvé des correspondants qui m'ont généreusement envoyé toute une collection de jeux par la Poste. On ne parlait pas encore de peer to peer ! Pourtant, un modem (analogique) existait, il y avait même un club d'ataristes qui l'utilisaient, le "club Cenacle", mais le modem était trop cher...
- J'avais donc commencé à programmer en Basic, et je voyais tous ces jeux très bien faits. Ils étaient programmés en Assembleur. Il fallait que je me mette à l'Assembleur ! J'ai donc acheté le macro-assembleur Atari ainsi que des bouquins et j'ai commencé à me plonger nuit et jour dans le fonctionnement du micro-processeur central 6502 [1] et des co-processeurs graphiques et son. Tout ça pour produire quoi ? Un clone de Pac-Man... J'aimais bien Pac-Man mais je le trouvais trop lent. J'aurais aimé narguer les fantômes en leur passant sous le nez à toute vitesse. Alors j'ai créé "Fast Enzym", un Pac-Man ultra rapide, dans le mode graphique le plus rapide de la machine. (vidéo) (soyez indulgents, j'avais 15 ans ;)
- Pour ce premier jeu, j'utilisais encore le Basic pour le chargement des écrans (on voit la lenteur de l'opération sur la vidéo), et l'Assembleur pour la routine principale. Par la suite, j'ai étudié le chargement des programmes "bootables" (qui se lançaient directement au démarrage de la machine) et j'en ai profité pour transférer sur disquette Dropzone, un jeu excellent qu'un ami m'avait donné en cassette. Là encore, ce n'était pas un exploit, mais j'étais fier d'avoir réussi à le faire moi-même.
- Aujourd'hui encore, je garde un souvenir incroyablement fort de cette expérience initiatique avec mon Atari. Au point que la nostalgie me pousse à partager ces modestes "exploits" sur cette page. Et je me demande s'il est encore possible pour un adolescent de vivre ce genre de choses. Est-ce que l'époque ne prêtait pas plus à rêver ? C'était une ambiance de pionniers.
Note:
1. ↑ En lisant l'article de Wikipedia sur le processeur 6502, j'apprends qu'il est encore utilisé aujourd'hui ! (dans du matériel embarqué)